Entreprises, libérez la créativité de vos développeurs

Il y a plus d’un an que je n’ai pas pris le temps d’écrire sur ce blog. La dernière fois, je rédigeais un article sur Angular et l’implémentation d’un pattern Annuler / Rétablir. Quelques semaines plus tard, je quittais PMSIpilot à destination de RVIP pour changer d’air et d’horizon.

Beaucoup de choses ont changé depuis. L’univers du développement Web a évidemment continué sa course en avant. Nouveaux frameworks, nouveaux paradigmes, nouvelles tendances. Il y a un an, on suivait encore les propositions de specs pour Angular 2 sur Google docs, on entendait à peine parler de reactive programming ou de Typescript, ES2015 s’appelait encore ES6 et personne ne pensait à sérieusement mettre Docker en production.

Je me motive aujourd’hui pour rédiger un article un peu différent de ceux que j’écris habituellement sur ce blog puisque je ne vais pas parler de technique mais plutôt d’un retour d’expérience que nous avons mené au sein de nos équipes de développement chez RVIP.

Un poste typique de développeur

Je lisais ce matin-même un article intitulé, les développeurs sont devenus des cols bleus. Ci-dessous, un extrait qui illustre bien le propos de l’auteur quant à la vision du poste de développeur dans beaucoup d’entreprises :

Les développeurs sont souvent vus par leurs collègues et leur hiérarchie comme des ouvriers, des cols bleus. Leur tâche consistant à construire un outil qui servira le business mais qui ne constitue en soi aucune valeur. On me l’a d’ailleurs déjà dit en face: “en fait, ton boulot c’est de fabriquer nos outils”, comme si je ne participais pas à la création de valeur dans l’entreprise, que la seule valeur était produite par ceux qui utilisent l’outil pour faire du chiffre… Et vu sous cet angle, la technique n’est effectivement qu’un coût et rien d’autre pour l’entreprise. Coût qu’il convient de mesurer, de réduire et d’optimiser au mieux.

Je nuancerai tout de même le propos. J’ai de plus en plus la sensation qu’on avance dans le bon sens, que les entreprises hésitent moins à recruter des développeurs talentueux et passionnés plutôt que le premier venu dont le CV contient, au hasard d’une ligne, le nom du Framework utilisé en interne, ayant bien compris que tirer les salaires vers le bas n’est pas toujours rentable quand un business est fortement lié à la technique.

Dans tous les cas, il est vrai qu’on demande en général à un développeur de répondre aux besoins exprimés directement ou indirectement par un client (le PO par exemple), pas grand chose de plus.

Exemple d’une annonce de recrutement d’un développeur piochée au hasard (ici, au hasard = la première) sur RemixJobs :

Vos principales missions porteront sur :

  • L’analyse et la conception des nouvelles fonctionnalités définies par le Product Owner
  • Le développement de ces fonctionnalités
  • La recette et le suivi de mise en œuvre
  • La maintenance et la formation des équipes internes

Quand une entreprise recherche un développeur plus expérimenté, elle rajoute souvent à sa description de poste des mots clés tels que “Lead Developer”, “Référent Technique” ou encore “Architecte”. Mais rarement des mots clés type “Créativité”, “Liberté” ou “Recherche”. Ou alors, parfois, simplement pour décorer.

La créativité, pourquoi faire ?

Je suis un fervent défenseur des méthodologies agiles et notamment de SCRUM. Je suis bien sûr familier avec les concepts d’équipe, les rôles distincts de Product Owner, Développeur et Scrum Master et je ne les remet absolument pas en question.

Au sein de la méthode SCRUM, le développeur a un rôle crucial dans la réussite du projet et du produit sur lequel l’équipe travaille et il est fortement impliqué dans les différents processus de décision qui concernent ce projet / produit.

En revanche, je trouve que ces méthodes laissent en général trop peu de place aux “à-côté”.

L’équipe se concentre par itérations successives sur son projet et n’a pas souvent le temps de souffler. Les puristes de la méthode SCRUM sont d’ailleurs en général opposés aux pauses inter-sprint qui encouragent à rattraper le retard accumulé au sein de la dernière itération.

En fonction des organisations, l’équipe a même parfois du mal à inclure au sein des itérations des tâches qui n’apportent pas de valeur fonctionnelle visible pour le PO. Alors, imaginer proposer un développement ou une expérimentation qui n’est pas directement lié au projet en cours, c’est souvent mission impossible.

Pourtant, les développeurs n’ont pas forcément besoin d’avoir le rôle de PO pour avoir des idées géniales. Que ce soient des idées purement techniques (nouvelles technos, intégration d’outils tiers, API, …) des idées d’amélioration des produits existants (nouvelles fonctionnalités, nouveaux usages) ou même des idées de nouveaux produits (produit interne pour faciliter tel ou tel workflow, nouvelle offre destinée aux clients de l’entreprise).

Alors pourquoi ne pas leur laisser un peu de temps pour s’y consacrer ?

Expérience en organisation libre

Chez RVIP, nous avons mis en place au sein de nos équipes de développement une journée “libre-organisation”, qui a lieu tous les 15 jours.

L’objectif de cette journée tel que nous l’avons définit et présenté à l’ensemble de l’entreprise, est d’améliorer la productivité et le bien-être des équipes en encourageant notamment :

  • L’expérimentation
  • La créativité et l’innovation
  • L’auto-formation
  • Le partage de connaissances

Concrètement, c’est une période durant laquelle l’équipe sort du workflow classique du ou des projets sur lesquels elle travaille au quotidien pour se consacrer à d’autres activités. Une seule contrainte, envoyer un mail collectif à toute la R&D en fin de journée, pour expliquer ce sur quoi elle a travaillé et ce qu’elle en a retiré.

Libre à elle alors, de laisser son imagination et sa créativité dicter cette journée de travail.

Les résultats après quelques semaines

Après quelques semaines d’expérimentation, le bilan est dans l’ensemble extrêmement positif.

En vrac, les équipes ont pu s’essayer et monter en compétences sur :

  • Docker + écosystème (Rancher)
  • Les bases de données orientées graph (Neo4J, OrientDB)
  • Angular
  • Elastic Search / ELK

Mais également :

  • Entamer la refonte technique de différentes applications existantes
  • Réaliser des POC d’applications hors de la Roadmap produits
  • Prototyper une archi à base de Raspberry

Et certainement beaucoup d’autre choses que j’oublie.

Mais la montée en compétence sur un ensemble de technos n’est pas le seul bénéfice mesurable de ces journées en libre organisation. Elles sont presque toujours à l’origine d’un pic de motivation et de passion des équipes dont l’effet positif perdure bien au delà, au cours des semaines de développement SCRUM “classiques”.

Nous avons bien sûr aussi rencontré quelques écueils. Le principal étant sans doute le fait qu’il n’est pas facile de justifier et maintenir cette journée libre en période de rush.

D’autre part, il n’est pas non plus toujours facile de trouver une idée intéressante à expérimenter et de se lancer dessus sans le cadre d’une journée SCRUM classique.

Enfin, au delà de la R&D et des équipes produits, faire comprendre les objectifs et les intérêts de ce type d’expérimentation au reste de l’entreprise est un véritable challenge en soit.

Quelques pro tips

  • Entamer cette journée par un brainstorm rapide sur les idées de l’équipe + vote de chacun
  • Tout seul ou en équipe ? Privilégier le travail en équipe. C’est un moment de cohésion, presque de Team-Building
  • Revenir ASAP dans un workflow agile type SCRUM pour la maintenance et les évolutions des produits éventuellement prototypés durant une ou plusieurs journées libres
  • Faire des retours réguliers à la R&D mais aussi à l’ensemble de l’entreprise

Aller plus loin ?

Nous nous sommes concentrés jusqu’alors essentiellement sur des expérimentations purement techniques lors de ces journées libres.

Nous aimerions également en profiter pour tester de nouveaux workflows, de nouvelles méthodes de travail. Je pense par exemple au Mob Programming que Bertrand et son équipe ont expérimenté chez PMSI et dont le retour très intéressant est consultable ici.

Il serait également intéressant d’élargir l’expérience à d’autres services de l’entreprise. Je suis persuadé que, si les développeurs ont presque toujours des idées innovantes intéressantes pour l’entreprise, ils ne sont pas les seuls. Il serait génial de voir ce qu’une équipe commerciale par exemple ferait d’une journée en organisation libre…

Enfin, pourquoi ne pas aller encore plus loin en allouant un budget à ces journées libres et voir ce que les équipes sont capables de produire en ayant la responsabilité de le gérer et de l’utiliser dans le cadre définit ci-dessus : expérimentation, créativité et innovation, auto-formation et partage de connaissances.

Implémenter un « annuler / rétablir » avec AngularJS et le Command Pattern

Edit 18/11/2014

Une démo de l’implém. présentée dans cet article est visible à l’adresse suivante : http://bobey.github.io/angular-undo-redo/

Introduction

Les applications web que nous sommes capables de développer rivalisent depuis quelques années déjà avec leurs équivalents desktop. Il n’y a qu’à voir pour s’en convaincre, la puissance des outils en ligne tels que Google Docs ou Google Spreadsheet qui, notamment depuis leur refonte avec le Material Design de chez Google, n’ont vraiment plus grand chose à envier aux applis natives.

Pour arriver à un tel niveau d’interactivité au sein du navigateur, il a fallut évidemment compter sur Ajax, les librairies JS type prototype ou jQuery, l’émergence d’HTML 5 et, plus récemment, des frameworks frontend MV* type Backbone, EmberJS ou Angular. Avec ces derniers, nous sommes en mesure de développer des applications toujours plus complexes et toujours plus user-friendly. Les composants d’UI réutilisables open-sourcés (directives Angular, Components Ember ou React, …) sont légion sur Github et nous permettent à nous, développeurs, de nous concentrer sur la partie métier de notre application.

Mais si il y a bien une fonctionnalité qu’on a toujours du mal à implémenter au sein de nos applications, c’est le Annuler / Rétablir (ou le Undo / Redo, Cancel / Restore, …).

Les libs undo / redo pour Angular

Pour AngularJS, il existe plusieurs directives et services permettant d’ajouter un annuler / rétablir en observant automatiquement les modifications effectuées sur un objet du scope. Je pense notamment à Angular-Chronicle et Angular History. Ce type d’approches est très pratique lorsque les interactions de l’utilisateur avec l’application se limitent à la MAJ des propriétés de quelques objets de tel ou tel scope. En revanche, elles trouvent vite leur limite dans une application plus complexe où le frontend dialogue par exemple avec le backend via une API REST pour ajouter au supprimer des éléments dans une base de données quelconque.

Le Command Pattern

Pour répondre à cette problématique de manière plus globale qu’en observant automatiquement les changements sur un objet du scope, une des approches les plus connues est l’utilisation d’un dérivé du Pattern Command.

Sur Wikipedia, voilà ce qu’on dit en introduction pour expliquer ce qu’est le command pattern :

In object-oriented programming, the command pattern is a behavioral design pattern in which an object is used to represent and encapsulate all the information needed to call a method at a later time. This information includes the method name, the object that owns the method and values for the method parameters.

Ce pattern est beaucoup utilisé pour implémenter les comportements d’UI (clic sur un bouton d’IHM) mais est aussi particulièrement bien adapté pour modéliser notre fameuse fonctionnalité undo / redo. Toujours pour citer Wikipédia :

If all user actions in a program are implemented as command objects, the program can keep a stack of the most recently executed commands. When the user wants to undo a command, the program simply pops the most recent command object and executes its undo() method.

Command Pattern et AngularJS

Nous allons voir comment architecturer notre application Angular autour du Command Pattern pour rendre possible l’annulation sur la création / suppression des éléments d’un listing d’utilisateurs.

Commençons par décrire le partial associé au listing des utilisateurs. Pour chaque utilisateur, on affiche simplement le username et un bouton de suppression à côté.
On place également un bouton d’ajout d’un nouvel utilisateur au listing, au dessus de ce dernier. On prévoit enfin deux boutons Annuler et Rétablir qui, dans une application réelle auraient plutôt leur place dans une directive spécifique, affichée de manière générique sur le layout global.

Ci-dessous, le code épuré associé :

// src/partials/users/list.html
<h1>Liste utilisateurs</h1>

<a href data-ng-click="listCtrl.undo()">Annuler</a> -
<a href data-ng-click="listCtrl.redo()">Rétablir</a> -
<a href data-ng-click="listCtrl.addUser()">Ajouter</a>

<ul>
    <li ng-repeat="user in listCtrl.users | orderBy:'name'">
        <a href ng-click="listCtrl.removeUser(user)">Supprimer</a> -
        <strong>{{ user.username }}</strong>
    </li>
</ul>

Associé à ce template, un controller Angular « classique » pourrait être implémenté de la manière suivante :

// src/js/controllers/user-list-controller.js
/** @ngInject */
function UserListController(users, User, UserService) {

    this.users = users;

    this.undo = function() {
        // TODO
    };

    this.redo = function() {
        // TODO
    };

    this.removeUser = function(user) {

        UserService.remove(user).then(function() {
            $state.reload();
        });
    };

    this.addUser = function() {

        // Dans un cas réel, ces données proviendraient sans doute de la soumission d'un formulaire quelconque...
        var user = new User({
            username: 'obalais',
            firstname: 'Olivier',
            lastname: 'Balais'
        });

        UserService.save(user).then(function() {
            $state.reload();
        });
    };
}

UserListController.resolve = {

    /** @ngInject */
    users: function(UserService) {
        return UserService.getUsers();
    }
};

angular
    .module('awesomeapp.controllers')
    .controller('UserListController', UserListController);

La logique de récupération / sauvegarde de nos utilisateurs est externalisée dans un service Angular UserService et notre controller ne fait qu’appeler ce service et mettre à jour son scope en fonction des réponses reçues. Le UserService en question peut échanger avec une API REST, via des Web sockets, stocker et retrouver les utilisateurs en mémoire ou dans le localStorage, les détails d’implémentation ne sont pas important…

Il est temps maintenant de modifier notre implémentation en s’inspirant du Command Pattern. Le principe théorique est relativement simple. Comme expliqué sur Wikipédia, il s’agit de représenter toutes les actions utilisateurs annulables sous forme de commandes implémentant la logique d’exécution et la logique d’annulation puis de conserver dans une stack la liste de ces commandes exécutées.

Voici donc une interface possible pour nos commandes :

function Command () {
}

Command.prototype = {
    execute: function() {
        // return promise
    },

    reverse: function() {
        // return promise
    }
};

Pour gérer l’empilage et dépilage de ces commandes, il nous faut définir un service UndoService.
Ce dernier expose trois méthodes executeCommand, undo et redo.
Une implémentation possible est détaillée ci-dessous :

/** @ngInject */
function UndoService ($q) {

    var undos = [],
        redos = [];

    /* jshint -W004 */
    var UndoService = {};

    UndoService.undo = function() {

        if (!undos.length) {

            var deferred = $q.defer();
            deferred.resolve('nothing to undo');

            return deferred.promise;
        }

        var command = undos.pop();

        return command.reverse().then(function(data) {
            redos.push(command);

            return data;
        });
    };

    UndoService.redo = function() {
        if (!redos.length) {
            var deferred = $q.defer();
            deferred.resolve();

            return deferred.promise;
        }

        var command = redos.pop();

        return command.execute().then(function(data) {
            undos.push(command);

            return data;
        });
    };

    UndoService.executeCommand = function(command) {
        return command.execute().then(function(data) {
            undos.push(command);

            return data;
        });
    };

    return UndoService;
}

angular.module('awesomeapp.services')
    .factory('UndoService', UndoService);

Parmi les quelques parti-pris, on note que l’exécution d’une commande réinitialise systématiquement la stack des redos. On constate également que suite à un undo, on vérifie que la promesse a bien été résolue avant d’ajouter la commande dans la stack des redos, et vice-versa.

Pour pouvoir refactorer notre UserListController, nous avons besoin d’implémenter deux commandes : UserCreateCommand et UserDeleteCommand.

Commençons par la commande UserCreateCommand :

// src/js/commands/user-create-command.js
/** @ngInject */
function UserCreateCommand (UserService) {

    /* jshint -W004 */
    function UserCreateCommand (user) {
        this.userToCreate = user;
        this.createdUser = null;
    }

    UserCreateCommand.prototype = {
        execute: function() {
            return UserService.save(this.user).then(function(createdUser) {

                this.createdUser = createdUser;
                return createdUser;
            }.bind(this));
        },

        reverse: function() {
            return UserService.remove(this.createdUser).then(function() {
                this.createdUser = null;
            }.bind(this));
        }
    };

    return UserCreateCommand;
}

angular
    .module('awesomeapp.commands')
    .factory('UserCreateCommand', UserCreateCommand);

Et maintenant la commande UserDeleteCommand :

// src/js/commands/user-delete-command.js
/** @ngInject */
function UserDeleteCommand (UserCreateCommand) {

    /* jshint -W004 */
    function UserDeleteCommand (user) {

        var userToCreate = Angular.copy(user);
        userToCreate.setNew(false);
        this.createCommand = new UserCreateCommand(userToCreate);
        this.createCommand.createdUser = user;
    }

    UserDeleteCommand.prototype = {
        execute: function() {
            return this.createCommand.reverse();
        },

        reverse: function() {
            return this.createCommand.execute();
        }
    };

    return UserDeleteCommand;
}

angular
    .module('awesomeapp.commands')
    .factory('UserDeleteCommand', UserDeleteCommand);

Comme vous pouvez le voir, l’implémentation de cette dernière repose sur la logique dores et déjà définie dans la commande UserCreateCommand, évitant ainsi de dupliquer inutilement du code.

Il ne nous reste alors plus qu’à modifier notre controller pour passer systématiquement par le UndoService :

// src/js/controllers/user-list-controller.js
/** @ngInject */
function UserListController(users, User, UserCreateCommand, UserDeleteCommand, UndoService) {

    this.users = users;

    this.undo = function() {
        UndoService.undo().then(function() {
            $state.reload();
        });
    };

    this.redo = function() {

        UndoService.redo().then(function() {
            $state.reload();
        });
    };

    this.removeUser = function(user) {

        var deleteCommand = new UserDeleteCommand(user);

        UndoService.executeCommand(deleteCommand).then(function() {
            $state.reload();
        });
    };

    this.addUser = function() {

        var user = new User({
            username: 'olivier.balais',
            firstname: 'Olivier',
            lastname: 'Balais'
        });

        var createCommand = new UserCreateCommand(user);

        UndoService.executeCommand(createCommand).then(function() {
            $state.reload();
        });
    };
}

UserListController.resolve = {

    /** @ngInject */
    users: function(UserService) {
        return UserService.getUsers();
    }
};

angular
    .module('awesomeapp.controllers')
    .controller('UserListController', UserListController);

Le mot de la fin

L’architecture de base est en place et nous avons vu deux commandes basiques pour créer et supprimer des utilisateurs.

Toute la difficulté désormais pour le développeur réside dans l’implémentation de ces différentes commandes notamment dans les cas plus complexes où la modification d’une entité a des impacts sur d’autres objets de l’application. Chaque commande doit contenir TOUTE la logique nécessaire à son exécution bien sûr, mais surtout à son reverse.

Vous pouvez retrouver le code de cet article sur ce dépôt Github.

React.js, Grunt, browserify et CDN

Lorsqu’on attaque le développement d’une application frontend en Javascript, plusieurs questions se posent immédiatement pour le développeur :

  • Quels frameworks et librairies (Angular, Ember, React et Flux, …)
  • Comment organiser les fichiers sources (organisation technique, organisation fonctionnelle, …)
  • Comment gérer les modules (AMD compliant, CommonJS compliant, …)
  • Quel outil de build (Grunt, Gulp, …)

Dans cet article, nous allons voir comment créer un HelloWorld avec ReactJs, en utilisant Grunt pour construire l’application à partir des sources et browserify pour gérer les dépendances entre nos modules front et libs externes.

Vous pouvez retrouver le code final et les différentes étapes dans ces quelques commits poussés sur Github.

Sur la documentation du site officiel de React, un HelloWorld ressemble typiquement à ça :

<!DOCTYPE html>
<html>
  <head>
    <script src="https://cdnjs.cloudflare.com/ajax/libs/react/0.11.2/react.js"></script>
    <script src="https://cdnjs.cloudflare.com/ajax/libs/react/0.11.2/JSXTransformer.js"></script>
  </head>
  <body>
    <div id="content"></div>

    <script type="text/jsx">
      /** @jsx React.DOM */
      var hello = React.createClass({
        render: function() {
          return <div>Hello, {this.props.name}!</div>
        }
      });

      React.renderComponent(
        <hello name="World" />,
        document.getElementById('content')
      );
    </script>

  </body>
</html>

Notre composant React.js est implémenté en plein milieu de notre code HTML, le JSX est transformé en JS à la volée par JSXTransformer au sein du navigateur et le  tout, dans un seul fichier index.html. Pas terrible évidemment dans le cadre d’une « vrai » application.

Intégration de Grunt avec React

Facebook fournit un outil en ligne de commande très bien fait pour transformer côté serveur le JSX en JS.

npm install -g react-tools
jsx --watch src/ build/

Mais dès que l’application grossit, qu’on ajoute des assets, qu’on veut compiler des fichiers LESS ou SASS, minifier nos sources et autres joyeusetés, l’utilisation d’un outil de build tel que Grunt ou Gulp devient vite indispensable. Il y a beaucoup d’exemples d’intégration de React avec Gulp sur le net donc pour faire original (ou old school), nous allons utiliser Grunt.

npm install -g grunt-cli
npm install react --save-dev
npm install grunt --save-dev

# pour copier nos assets :
npm install grunt-contrib-copy --save-dev

Pour rappel, React utilise une extension au Javascript appelée JSX dont l’objectif est de faciliter l’implémentation d’un composent UI (~HTML) au sein de code javascript. Facebook a même proposé un draft de spécification de la syntaxe JSX :

JSX is a XML-like syntax extension to ECMAScript without any defined semantics. It’s NOT intended to be implemented by engines or browsers. It’s NOT a proposal to incorporate JSX into the ECMAScript spec itself. It’s intended to be used by various preprocessors (transpilers) to transform these tokens into standard ECMAScript.

Différentes approches sont possibles pour intégrer Grunt avec React. Il existe un plugin grunt-react très bien fait pour transpiler automatiquement les JSX en JS.

Ici, nous allons utiliser une autre approche en gérant nos dépendances entre modules avec Browserify et en intégrant la traduction des JSX via un transformer browserify.

Intégration de Browserify

Browserify est une lib de gestion de modules clients (browser) compatible CommonJS (« à la » nodejs).

Browserify lets you require(‘modules’) in the browser by bundling up all of your dependencies.

Evidemment, on retrouve un plugin grunt pour l’intégrer à notre build.

npm install grunt-browserify --save-dev
// Au sein de notre Gruntfile
grunt.loadNpmTasks('grunt-browserify');

Nous verrons la configuration proprement dite du plugin un peu plus loin.

Structuration du code

Maintenant que nous avons intégré browserify, nous pouvons structurer notre code source de manière un tout petit peu plus évolutive que dans le HelloWorld de base. Ci-dessous un exemple avec un dossier src/ et un dossier de build/. Les jsx (composants) sont regroupés dans src/jsx/ et l’index.html est à la racine du dossier src/. Cette structure n’a d’intérêt que pour montrer l’utilisation de browserify et de l’outil de build mais mériterait sans aucun doute d’être améliorée dans le cadre d’une application complexe avec plusieurs composants, différents domaines fonctionnels, etc. On trouve d’ailleurs quelques starter-kits intéressants sur Github pour commencer une application Flux / React.

structure

En reprenant le HelloWorld présenté au début de cet article et pour suivre la structure décrite ci-dessus, nous allons découpé les sources en trois fichiers :

  • src/jsx/hello.jsx qui contiendra l’implémentation du composant React hello
  • src/jsx/app.jsx qui contiendra la partie instanciation du composant
  • src/index.html qui contiendra le layout du HelloWorld

Le point d’entrée de notre application est app.jsx, au sein duquel nous chargeons nos dépendances (frameworks, lib, composants) avec Browserify (require(‘…’)).

ReactJs étant nativement compatible CommonJS, un require(‘react’) est suffisant :

// src/jsx/hello.jsx
var React = require('react');

var Hello = React.createClass({

  render: function() {
    return <div>Hello, { this.props.name }!</div>
  }
});

module.exports = Hello;

Pour rendre notre composant Hello importable depuis un autre fichier source, on utilise module.exports en fin de fichier. Il ne nous reste plus qu’à importer notre composant depuis app.jsx :

// src/jsx/app.jsx
var React = require('react'),
    Hello = require('./hello.jsx');

React.renderComponent(
  <Hello name="World" />,
  document.getElementById('content')
);

Notre layout index.html n’a alors plus qu’à importer app.js, bientôt buildé via grunt :

<!DOCTYPE html>
<html>
    <head>
        <title>Hello ReactJS</title>
    </head>
    <body>
        <div id="content"></div>
        <script src="js/app.js"></script>
    </body>
</html>

Branchement de l’ensemble avec notre Gruntfile

Pour brancher le tout, nous ajoutons à notre Gruntfile la configuration de browserify avec le transformer reactify et nous configurons également grunt-contrib-copy pour copier notre layout (et les autres assets éventuels) :

// Gruntfile
module.exports = function(grunt) {
    grunt.initConfig({
        browserify: {
            options: {
                debug: true,
                extensions: ['.jsx'],
                transform: ['reactify']
            },
            hello: {
                src: 'src/jsx/app.jsx',
                dest: 'public/js/app.js'
            }
        },
        copy: {
            all: {
                expand: true,
                cwd: 'src/',
                src: ['index.html'],
                dest: 'public/'
            }
        }
    });

    grunt.loadNpmTasks('grunt-browserify');
    grunt.loadNpmTasks('grunt-contrib-copy');

    grunt.registerTask('default', ['browserify', 'copy']);
};

Il ne nous reste plus qu’à tester en exécutant la commande :

grunt

Normalement, on obtient alors auto-magiquement un gros fichier JS qui contient React, notre composant Hello et notre micro-application démo.

Et si on ouvre notre fichier index.html dans un navigateur, on obtient un beau HelloWorld sur fond blanc…

Et pour profiter d’un CDN ?

Comme vous avez pu le constater ci-dessus, lors du build, ReactJS se retrouve dans notre gros fichier app.js. Il peut être intéressant d’extraire les vendors pour différentes raisons :

  • Le temps nécessaire au build à chaque modification (pour peu qu’on utilise un plugin watch avec Grunt) augmente proportionnellement avec la taille des fichiers à parser. Ainsi, parser tout ReactJS n’est pas très optimisé
  • Les vendors changent moins souvent et peuvent avantageusement profiter d’une mise en cache navigateur. Pas besoin de recharger tout ReactJS à chaque modification d’une ligne de code dans notre application

Pour cela, on génère souvent au moins deux fichiers JS lors du build, un pour les sources de l’application et l’autre pour les vendors qui changent peu souvent. Dans notre exemple, la seule lib utilisée est ReactJS. Pourquoi alors ne pas profiter carrément d’un chargement de React via un CDN ? Tout en conservant nos require(‘react’) au sein de notre code…

Pour arriver à cela, une astuce constiste à spécifier à browserify que React est une librairie externe :

browserify: {
    options: {
        // [...],
        external: ['react']
    },
    // [...],
}

On utilise en parallèle le package npm browserify-shim, qui sert d’ordinaire à rendre browserifiables des libs qui ne le sont pas nativement :

npm install browserify-shim

On déplace alors les transform browserify directement au sein du package.json en rajoutant browserify-shim et en lui spécifiant l’emplacement du module React au sein de window.

Notre package.json ressemble alors à ça :

// package.json
{
    "browserify": {
        "transform": [
            "reactify", "browserify-shim"
        ]
    },
    "browserify-shim": {
        "react": "global:React"
    },
    "dependencies": {
        "reactify": "^0.14.0",
        "react": "^0.11.2"
    },
    "devDependencies": {
        "grunt": "^0.4.5",
        "grunt-browserify": "^3.1.0",
        "grunt-contrib-copy": "^0.7.0",
        "reactify": "^0.14.0",
        "browserify": "^6.2.0",
        "browserify-shim": "^3.8.0"
    }
}

Et notre fichier Gruntfile modifié complet :

// Gruntfile
module.exports = function(grunt) {
    grunt.initConfig({
        browserify: {
            options: {
                debug: true,
                extensions: ['.jsx'],
                external: ['react']
            },
            hello: {
                src: 'src/jsx/app.jsx',
                dest: 'public/js/app.js'
            }
        },
        copy: {
            all: {
                expand: true,
                cwd: 'src/',
                src: ['index.html'],
                dest: 'public/'
            }
        }
    });

    grunt.loadNpmTasks('grunt-browserify');
    grunt.loadNpmTasks('grunt-contrib-copy');

    grunt.registerTask('default', ['browserify', 'copy']);
};

Il ne nous reste plus qu’à charger React au sein de notre layout, via un CDN, à l’ancienne :

<!DOCTYPE html>
<html>
    <head>
        <title>Hello ReactJS</title>
        <script src="https://cdnjs.cloudflare.com/ajax/libs/react/0.11.2/react.js"></script>
    </head>
    <body>
        <div id="content"></div>
        <script src="js/app.js"></script>
    </body>
</html>

Pour aller plus loin

Le but de cet article était de montrer comment partir d’un HelloWorld typique ReactJS et l’étendre pour y intégrer une gestion des dépendances avec Browserify, Grunt comme outil de build et le tout en chargeant ReactJS via un CDN.

Pour aller plus loin, voici quelques axes d’amélioration en vrac :

  • Générer des sourcemaps pour nos fichiers JS / JSX
  • Minifier / uglifier notre application

Vous pouvez retrouver le code final et les différentes étapes dans ces quelques commits poussés sur Github.

Facebook ReactJS – Quelques ressources pour bien commencer

Le framework frontend du moment est sans conteste AngularJS. Le nombre d’articles et tutoriaux qui lui sont dédiés, les statistiques de recherche Google associées, les likes et contributeurs sur Github ou encore le nombre de questions sur Stackoverflow sont autant de métriques allant dans ce sens.

Jusqu’à aujourd’hui, les développeurs avaient souvent tendance à comparer les points forts et points faibles des frameworks frontend suivants avant de se lancer dans un projet :

Mais depuis plusieurs mois, un nouveau venu fait beaucoup parler de lui : React.js. Cette librairie a été open-sourcée par Facebook mi-2013 et est le fruit d’un travail commun entre les équipes de Facebook et d’Instagram.
Facebook présente React comme une librairie Javascript pour construire des interfaces utilisateur.

React : A Javascript library for building user interfaces

ReactJS présente quelques atouts extrêmement intéressants dont son Virtual DOM qui permet notamment :

  • Des performances de rendering bluffantes
  • L’Isomorphisme. Les composants React peuvent être rendus simplement côté serveur sans PhantomJS. SEO friendly, perfs au premier chargement…

D’autre part, son approche orientée composant force le développeur à architecturer son application en petits éléments autonomes et imbriquables dans des composants de plus haut niveau. Un peu à la manière des directives Angular, des components Ember ou des futurs Web Components (lire à ce sujet, React VS Web Components), sauf qu’avec React, tout est composant.

Au sein de cet article, j’ai tenté de regrouper les ressources les plus intéressantes que j’ai pu trouver sur le net et qui m’ont permis de comprendre un peu mieux le fonctionnement de React, en quoi son approche diffère des frameworks existants tels que Angular ou Ember, qui utilise cette librairie aujourd’hui et quel peut-être l’intérêt de l’intégrer au sein d’un projet existant ou d’un nouveau.

Si vous avez connaissance d’un article ou d’un tuto qui ne figure pas dans la liste ci-dessous, je suis preneur 😉

ReactJS vs le reste du monde – React, c’est quoi, pourquoi ?

React – Qu’est-ce que c’est ?

Is React a Template Library? Is React Similar to Web Components? Are the Virtual DOM and Shadow DOM the Same? Autant de questions qu’on peut se poser quand on commence à s’intéresser à React et auxquelles l’auteur de cet article très complet tente de répondre :

http://www.funnyant.com/reactjs-what-is-it/

6 raisons d’aimer React

http://www.syncano.com/reactjs-reasons-why-part-1/

Angular vs React.js pour des applications web complexes

http://blog.liip.ch/archive/2014/09/16/angularjs-vs-reactjs-for-large-web-applications.html

Facebook React vs Web components

http://programmers.stackexchange.com/questions/225400/pros-and-cons-of-facebooks-react-vs-web-components-polymer

Tutos et exemples de code

Facebook’s React.js

La documentation sur le site officiel est très riche et très complète. Le quickstart notamment est un passage obligé pour comprendre les concepts clés de React :

http://facebook.github.io/react/docs/getting-started.html

Intégration de React à Angular

Un article très intéressant proposant une solution pour améliorer la performance de rendu de longues listes dans Angular en utilisant ReactJS :

http://www.mono-software.com/blog/post/Mono/242/Improving-AngularJS-long-list-rendering-performance-using-ReactJS/

Un autre exemple très détaillé traitant du même sujet :

http://www.williambrownstreet.net/blog/2014/04/faster-angularjs-rendering-angularjs-and-reactjs/

Starter Kit

Un starter kit très complet intégrant React à l’architecture Flux de Facebook :

https://github.com/kriasoft/react-starter-kit

Divers

Qu’est-ce qu’une isomorphic webapp et comment React facilite l’implémentation de ce type d’application :

http://bensmithett.github.io/going-isomorphic-with-react/

Components, plugins, librairies

La quantité de composants ou plugins React est actuellement très inférieure comparée au nombre de directives Angular open-sourcées par la communauté, mais il existe déjà un bel annuaire qui les recense et facilite leur recherche :

http://react-components.com/

En bonus, l’application est open-source et implémentée avec React.

React Router

L’un des projets autour de React les plus populaires :

https://github.com/rackt/react-router

OM

Un framework ClosureScript construit autour de React :

https://github.com/swannodette/om

React.js, qui l’utilise ?

On peut légitimement se demander si React est prêt à être utilisé ou si il manque aujourd’hui beaucoup trop de maturité. Les grands noms du Web ont en tous cas l’air de se pencher très sérieusement sur cette librairie.

Feedly

Github

Github a choisi React pour résoudre un certains nombre de soucis de performances rencontrés lors de l’implémentation de leur éditeur Atom :

http://blog.atom.io/2014/07/02/moving-atom-to-react.html

Adobe

Adobe intègre ReactJS au sein de son éditeur brackets notamment pour le rendu du file tree.

http://www.kevindangoor.com/2014/05/react-in-brackets/

Divers

http://wiredcraft.com/posts/2014/08/20/why-we-may-ditch-angularjs-for-react.html

Un tour d’horizon des projets utilisant officiellement React :

http://facebook.github.io/react/blog/2014/10/17/community-roundup-23.html

Architecture d’une application avec React : Flux, Reflux…

React se présente comme étant le V du pattern MVC. On peut facilement l’intégrer au sein de frameworks complets comme Angular ou Backbone mais Facebook a présenté la façon dont ils utilisent React au sein d’une application complexe en documentant l’architecture de leur projet appelée Flux.

http://facebook.github.io/flux/

Yahoo Flux

Yahoo a adopté Flux et maintient plusieurs projets implémentants les différents composants de l’architecture Flux.

Yahoo a également publié un dépôt Github avec un exemple d’application utilisant Flux et React.

https://github.com/yahoo/flux-examples

Reflux

Reflux est une alternative à l’architecture Flux tentant de simplifier son approche tout en conservant le concept de flow de données unidirectionnel :

The goal of the refluxjs project is to get this architecture easily up and running in your web application, both client-side or server-side.

Le projet sur github : https://github.com/spoike/refluxjs

http://spoike.ghost.io/deconstructing-reactjss-flux/